Vase-cruche ovoide en grès signé Léon Elchinger ( 1871 - 1942 ) et situé "Soufflenheim".

160,00 €

Vase ovoide à anses, glaçure bleutée avec signature et situé "Soufflenheim" en creux sous la base. Dans la période  « Arts and Crafts ».

L'objet :  

Ce vase ovoide est dans la ligné des productions pour Primavera. Il a un coté très épuré, moderne, mais aussi une texture plus rustique, loin des émaux à lustre metallique. Il peut servir de cruche avec ses anses, ou de vase, un peu "campagne" dans l'esprit. La glaçure est très belle, dans différentes teintes bleutées. 

Hauteur: 20 cm 


L'artiste : 

Léon Elchinger est né en 1871 à Soufflenheim (Bas Rhin), vieille cité de potiers depuis probablement l’époque gallo-romaine.

Sa famille y exploite une poterie fondée en 1834 par son aïeul Wandelin Elchinger (1809-1895).La production consiste surtout, comme celle des autres potiers, en poterie culinaire en terre réfractaire destinée au marché alsacien mais aussi à ce qui n’était pas encore la « France de l’intérieur ». Comme pour les autres potiers il y a certainement une petite production d’objets décorés à l’engobe destinée au marché local.

L’annexion des deux départements alsaciens et du département de la Moselle par l’Allemagne en 1870-1871 eut comme conséquence la perte de la clientèle française. L’apparition rapide sur le marché d’ustensiles de cuisine en fonte ou en tôle émaillée, plus solides fit concurrence la terre cuite. Le père de Léon, Philippe Elchinger (1842-1906) sut évoluer, tout en continuant la production de céramique culinaire, il développe une production de céramique d’ornementation architecturale où le décor prend de plus en plus de place.

Son fils Léon fait de solides études au collège Saint-Etienne à Strasbourg parallèlement avec un apprentissage de potier dans l’atelier paternel jusqu’en 1887.L’année 1888 est consacrée à un stage chez Villeroy et Boch à Mettlach (Sarre) où il se distingue par ses copies d’ancien d’une facture remarquable. 

L’année suivante il suit une formation à la toute nouvelle école de céramique de Höhr-Grenzhausen dans le Westerwald en Allemagne. Il enchaine en 1890 avec l’Ecole des Beaux-Arts de Nancy (France) où il suit notamment les cours de modelage et de sculpture d’Ernest Bussière qui devint célèbre pour son œuvre de céramiques à formes végétales ou animales et d’inspiration très naturaliste.

A la rentrée de la même année il rejoint la toute nouvelle Ecole des Arts Décoratifs de Strasbourg (Kunstgewerbeschule).

A partir de 1893 il retourne dans l’entreprise familiale où il travaille avec son père et son frère ainé Charles qui dirige la partie technique. La production semble à ce moment toujours axée autour de la céramique architecturale.

Remarqué par les autorités culturelles allemandes Léon Elchinger obtient une bourse d’Etat pour des stages à l’étranger (1895-1897) qui lui permettront de poursuivre tant ses connaissances techniques que de se frotter aux bouillonnements artistiques qui secouent les différents pays de l’Europe en cette fin de siècle.

En Angleterre il fait entre autre un séjour chez le célèbre fabriquant de porcelaine plus que bicentenaire Wedgwood, en Hongrie il se rend à Pecs où il travaille à la manufacture Zsolnay qui produit depuis 1893, en continu, des vases Art Nouveau à reflets métalliques lustrés selon la technique dite de l’éosine. Ce procédé particulier venu du Moyen-Orient se révèle entièrement nouveau dans son expression artistique en donnant aux surfaces une profondeur presque irréelle.

Avant de rentrer à Soufflenheim il fait un détour par Venise et Florence où il s’imprègne de l’Art de la Renaissance Italienne. 

A ce moment, l'art de la céramique se caractérise par des progrès techniques ou par des redécouvertes de techniques anciennes, il faut citer notamment Théodore Deck à qui l’on doit entre autre la redécouverte du bleu turquoise déjà utilisé lors de la construction de la porte d’Ishtar à Babylone en 580 av JC , mais aussi les frères Delphin et surtout Clément Massier en France, Zsolnay en Hongrie ainsi que William de Morgan en Grande- Bretagne et certainement beaucoup d’ autres qui exposèrent en 1889 des pièces aux émaux «lustrés » dont on fait remonter l’origine au IXème siècle av JC dans ce qui est aujourd’hui l’Irak. 


L’autre caractéristique de l’époque est la recherche de nouvelles formes et de nouveaux décors s’inspirant de l’esthétique islamique, turque, hispano-mauresque mais aussi extrême-orientale notamment les céramiques japonaises présentées aux Expositions universelles de 1867 et 1878 qui redonne de la valeur à la dissymétrie, aux déformations, à la rugosité de la matière brute et au hasard des coulures d’émail.

Léon Elchinger, à son retour en Alsace, intègre le Cercle de Saint-Léonard crée quelques années au paravant par Charles Spindler et Anselme Laugel. 

Dans l’œuvre proprement dite de Léon Elchinger, il faut distinguer deux sortes de production l’une qui se limite probablement au tout début et consiste en pièces produites en petites séries, de forme souvent répétitives mais qui de par les émaux mis en œuvre deviennent pratiquement des pièces uniques . C’est là qu’il faut situer les vases et cache-pots qu’il produit.

Comme beaucoup de créateurs artistiques de l’époque il est influencé par le mouvement « Arts and Crafts » qui s’est donné comme objectif de mettre à la disposition du plus grand nombre des objets de qualité et de bonne facture esthétique à un prix abordable. C’est dans ce cadre que se situe la deuxième partie de l’activité artistique, elle reprend la technique traditionnelle de Soufflenheim : terre cuite et décor à l’engobe.

Les décors mais aussi les formes ou plutôt les volumes - et c’est là que réside l’originalité de la démarche de Léon Elchinger par rapport aux autres potiers - sont entièrement repensés dans un esprit Art Nouveau qui n’appartient qu’à lui.

D’un autre côté il reste tout à fait traditionnel en déclinant toutes ses pièces (vases, cache-pots, cruches) en plusieurs tailles (généralement 6).Un autre point où l’on retrouve un certain « atavisme » du potier traditionnel, c’est le nombre important de cruches parmi les modèles présentés. La cruche reste toujours la production emblématique du potier de tradition familiale.

Plus on se rapproche des années 20 et de la période Art Déco plus les décors deviennent géométriques, qu’il s’agisse de représentation de fleurs ou de simples lignes géométriques sans significations particulières autre que le jeu des volumes et des couleurs. Dans les années 20 reviennent également les grés à lustre métallique qui avait un peu disparu depuis 1910. Grâce à une cuisson plus perfectionnée le résultat donne des effets encore plus précieux.

C’est à la même époque que la Manufacture Elchinger entre dans le cercle restreint des manufactures artisanales qui produisent pour les Grands Magasins parisiens notamment le Printemps qui commercialise sous le nom de Primavera des objets décoratifs de facture rustique mais de caractère résolument Art Déco.

Au début des années 30 il transmet la gestion de l’entreprise à ses fils Raymond (1904-1987) et Fernand (1911-1975).

 

Artiste: Léon Elchinger

Origine: France

Période: XIXème / XXème siècle

Matériaux: Faience

Dimensions: H: 20 cm

Condition: Très bon état